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Intégration du genre dans la formation des journalistes : L’ISCOM était à la rencontre de Saly (Sénégal)

Le projet « Femmes Occupez les Médias » (FOM), piloté par l’institut PANOS Afrique de l’Ouest, a convié l’Institut supérieur de la communication et du multimédia (ISCOM) à un séminaire régional qu’il a organisé du 11 au 13 décembre 2019 à l’hôtel Les Hamaryllis à Saly, au Sénégal, autour du thème « Information et communication sensibles au genre : échanger et promouvoir les meilleures pratiques de renforcement de capacités en Afrique de l’Ouest ».

En plus des représentants de l’institut PANOS Afrique de l’Ouest, la rencontre a regroupé des professionnels de médias, des responsables d’écoles et d’instituts supérieurs de formation en journalisme, d’acteurs de clubs et de réseaux de clubs d’écoute de radios communautaires, de jeunes internautes et blogueurs, d’acteurs de la société civile venus d’environ une dizaine de pays d’Afrique et de la France.
L’idée d’organiser cette rencontre est partie d’un constat qui révèle que les contenus produits par les médias africains, qu’ils soient relatifs aux femmes ou d’ordre général, véhiculent des images déséquilibrées, biaisées et stéréotypées de la femme.

Une étude menée par l’Institut PANOS Afrique de l’Ouest a fait ressortir que les journalistes utilisent parfois un vocabulaire souvent méprisant, dévalorisant, dégradant voire incitatif à la haine, pour parler aux femmes (entretiens, débats, interviews) et/ou pour parler des femmes (commentaires, éditoriaux). A cela s’ajoute une faible représentativité des femmes dans les rédactions des médias qu’ils soient audio-visuels, écrits ou en ligne. L’étude démontre que certains médias renvoient généralement les sujets concernant les femmes au niveau des pages consacrées aux faits divers et aux divertissements et ont parfois la fâcheuse tendance de banaliser les violences faites aux femmes.

Promotion du genre dans l’espace CEDEAO

Pourtant, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a adopté un acte qui stipule que les Etats doivent s’assurer de la prise en compte de l’égalité des droits des hommes et des femmes dans les lois, politiques, programmes de formation et de recrutement des médias. Les Etats doivent également adopter des mesures permettant de s’assurer que les médias et les organismes qui leur sont associés, intègrent l’égalité de droits entre les femmes et les hommes dans leurs politiques et procédures et prennent toutes les mesures nécessaires pour promouvoir la représentation égale des femmes dans la pratique des médias et dans leurs structures décisionnelles.

Il s’agissait donc pour les organisateurs de la rencontre de Saly, de favoriser un partage des meilleures pratiques entre les participants en matière de production de contenus médiatiques (articles, reportages…) prenant en compte la dimension genre et contribuant à promouvoir l’égalité hommes-femmes, pour un monde plus juste et plus humain. En outre, il s’est agi de jeter les bases d’une synergie d’action pour le renforcement des capacités des professionnels de l’information et de la communication afin qu’ils parviennent à assurer la production de contenus médiatiques sensibles au genre.

Par ailleurs, il s’agissait d’amener les participants à engager une réflexion approfondie sur la problématique genre et sa prise en compte dans les médias et à formuler des recommandations et résolutions à adresser aux acteurs des médias, aux institutions de formation en journalisme et autres partenaires techniques, afin qu’ils intègrent de façon systématique une dimension genre dans leurs approches.

Synergie d’action en faveur de la promotion du genre

Les travaux de la rencontre de Saly ont débouché sur des engagements à promouvoir le journalisme sensible au genre, à œuvrer pour l’institutionnalisation de son enseignement dans les écoles de journalisme, à mettre en œuvre des stratégies de communication qui contribuent à l’égalité de genre.

Les journalistes ont été appelés à s’approprier la question genre et à adopter une approche sensible au genre dans le processus de production médiatique. Les médias ont été priés de systématiser l’approche genre dans leurs politiques éditoriales.
Les écoles de journalisme ont été sollicitées pour des formations continues, la conduite de recherches et d’études, la constitution d’une base de ressources documentaires sur le journalisme sensible au genre.

Il a été demandé aux organes de régulation, de co-régulation et d’autorégulation d’intégrer des critères genre dans le monitoring des médias, de retirer les images méprisantes, dévalorisantes et dégradantes de la femme, véhiculées dans les médias et les supports publicitaires et de sanctionner les auteurs de telles pratiques en cas de récidive.

Les acteurs de la société civile sont attendus sur le terrain des actions de plaidoyer pour la réhabilitation de l’image de la femme dans les médias à travers des synergies d’actions médiatiques entre OSC et le renforcement des partenariats avec les médias pour mieux affiner les stratégies de communication en faveur de la promotion du genre.

Quant aux gouvernants, ils ont été invités à respecter et à veiller à la mise en œuvre des engagements internationaux, régionaux et nationaux relatifs à la promotion du genre, à renforcer les prérogatives des instances de régulation afin qu’elles veillent davantage sur l’image des femmes véhiculée par les médias et les supports publicitaires, à institutionnaliser dans les écoles de journalisme la formation initiale et continue en journalisme sensible au genre et à inclure les médias et les organisations de défense des droits des femmes dans la vulgarisation des politiques et stratégies genre.

Les participants à la rencontre ont aussi interpellé la CEDEAO afin qu’elle veille à l’application des engagements pris par les Etats membres par rapport à la promotion du genre dans les médias. L’institution est également appelée à élaborer et à mettre en œuvre un plan d’action pour l’opérationnalisation de l’acte relatif à l’égalité entre les hommes et les femmes, à prendre en compte la dimension genre dans sa politique de communication, à accompagner les initiatives de vulgarisation des textes règlementaires et autres mécanismes destinés à la promotion du genre et à se doter d’un mécanisme efficient de suivi-évaluation de la mise en œuvre des textes relatifs à la promotion de l’égalité de genre dans ses Etats membres.

Des organismes internationaux comme l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et les partenaires au développement ont été sollicités pour, entre autres, intégrer des critères genre dans le monitoring de l’accès à l’information en Afrique de l’Ouest, favoriser la prise en compte du genre dans l’élaboration des grilles de programmes et appuyer politiquement et financièrement la mise en œuvre des résolutions et recommandations issues du séminaire régional de Saly.

Kimségninga SAVADOGO

ISCOM




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